Record de vente pour un coran adjugé 730.000 euros à Lyon

Record de vente pour un coran adjugé 730.000 euros à Lyon
# 14 juin 2024 10:52 (UTC +04:00)

C'est l'histoire d'une malle qui dormait dans le grenier d'une vieille maison depuis des décennies. Une malle que la petite-nièce de son propriétaire découvre récemment quand elle entreprend de vider sa maison. À l’intérieur du coffre poussiéreux, elle tombe sur plusieurs corans turcs achetés au début du siècle dernier et des objets d'arts du Moyen-Orient rapporté par l'aïeul dans ses cartons après avoir vécu en Turquie entre les deux guerres mondiales. Confiés à la maison de vente De Baecque pour expertise, ils viennent d'être revendus à Lyon pour plus d'1,5 million d'euros.

«C'est vraiment la belle histoire, le rêve qui fait la beauté de notre métier, sur la découverte comme sur la vente», s’est réjoui Me Étienne De Baecque, commissaire-priseur à la tête de la maison éponyme auprès du Figaro. Car si les experts consultés ont rapidement eu conscience d'avoir affaire à des objets de grande valeur, dont un coran à la calligraphie particulièrement noble, les enchères se sont rapidement envolées à l'antenne lyonnaise de la maison de vente en ce lundi 10 juin. Daté du milieu du XIXe siècle, l'ouvrage en cuir brun initialement estimé entre 6000 et 8000 euros a été adjugé 730.000 euros.

Ce «beau Coran ottoman richement enluminé» brille par ses «arabesques et motifs floraux foisonnants», «frises d'entrelacs et cartouches fleuronnés» et «versets rédigés dans des nuages sur fond doré». Mais c'est surtout l'identité de son calligraphe qui a fait exploser la demande. Présenté comme «l'un des grands calligraphes de son temps», Kazasker Mustafa Izzet Efendi a signé cet ouvrage à Istanbul en 1216 après l'Hégire, soit en 1866. Celui qui signe comme à son habitude «l'esclave de la maisonnée du manteau», achève ce coran sur diverses prières, dont une dédiée au Sultan Abdülaziz.

Une pièce unique et un possible record

Né en 1801 à Tosya, dans le nord de la Turquie, Mustafa Izzet arrive à Istanbul avec sa mère après la mort de son père. Il y attire l'attention du sultan Mahmud II grâce à sa récitation parfaite du Coran et intègre les enseignements du Palais. Formé par le maître Yesarizade Mustafa Izzet Efendi, il devient l'un des plus grands calligraphes de son temps. «Cela évoque peut-être moins de choses dans notre culture occidentale mais, dans le monde musulman, il s'agit d'un objet mythique par la personnalité de ce calligraphe et la qualité de son œuvre», poursuit Me De Baecque.

Les acheteurs se sont d'ailleurs bousculés. Et l'estimation initiale est rapidement dépassée par des dépôts de plusieurs dizaines de milliers d'euros. «Nous avions conscience d'avoir un objet dingue, d'une grande valeur, les experts nous ont tout de suite dit qu'il était magnifique mais dans le marché de l'art les estimations se font sur des références, or il n'y avait jamais eu de tels objets vendus». Les 730.000 euros posés par l'acquéreur pourraient constituer un record pour un coran en France.

Au cours de cette même vente, une pièce d'un autre calligraphe célèbre datant du XVIe siècle a été adjugée 480.000 euros, pour un total de 1.682.073 euros. Si la maison n'a pas le droit de révéler l'identité des heureux propriétaires, les participants à la vente étaient selon nos informations originaires du Moyen-Orient et nantis d'importantes fortunes, rapporte l'APA.

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