Le nouveau premier ministre Michel Bernier a qualifié la situation budgétaire de la France de « très grave » et attend « les éléments pour en apprécier l’exacte réalité, selon une déclaration relayée mercredi par la presse locale.
« Mon objectif est de retrouver le chemin de la croissance et de faire progresser le niveau de vie des Français, alors que nous sommes déjà le pays où la charge des impôts est la plus forte » a-t-il fait savoir, estimant que « cette situation mérite mieux que des petites phrases » et « exige de la responsabilité ».
En parallèle de ces déclarations du chef du gouvernement, la commission des finances de l’Assemblée Nationale, se réunissait ce mercredi matin pour auditionner Pierre Moscovici, président de la Cour des Comptes.
« Ce que nous devons rechercher collectivement, c'est la réalisation d'économies en dépenses, pour que chaque euro d'argent public dépensé soit une dépense de qualité » a-t-il plaidé.
Pierre Moscovici estime à cet effet qu’il y a « urgence à agir » face à la situation budgétaire qui fait de la France un pays « trop endetté » qui ne dispose d’aucune « marge de manœuvre ».
Le président de la Cour des comptes souhaite ainsi la mise en œuvre d’un « projet de loi de finances sérieux, crédible, qui dise la vérité aux Français ».
Le constat est par ailleurs partagé par le rapporteur du budget, le député Charles de Courson pour qui « la situation des finances publiques n'est pas préoccupante » mais « très grave ».
Et de poursuivre: « Il faut arrêter les réductions d'impôts. Il y en a eu pour 60 milliards d'euros depuis 7 ans, c'est-à-dire grosso modo 2 ou 2,5 points de PIB ».
Ces déclarations interviennent alors que la presse française dévoilait mardi soir que Matignon envisageait une augmentation d’impôts pour les plus aisés et les entreprises les plus rentables pour tenter de résorber le déficit public.
Pour rappel, l’UE a ouvert, fin juillet, une procédure pour déficit excessif contre la France et six autres pays membres.
Dans le détail, la France, l’Italie, la Belgique, la Hongrie, la Pologne, la Slovaquie, la Roumanie et Malte sont concernés pour avoir dépassé la limite de déficit public fixée à 3% du PIB, et/ou la limite de la dette à 60%.
Les dettes respectives des États dans le viseur de Bruxelles d’établissent bien au-dessus des seuils fixés avec l’Italie à 7,4%, la Hongrie à 6,7%, la Roumanie à 6,6%, la France à 5,5%, la Pologne à 5,1%, la Slovaquie à 4,9%, Malte à 4,9% et la Belgique à 4,4%.
Bercy avait de son côté annoncé dès le mois de mars, une baisse de la prévision de croissance de 1,4 à 1%, et un plan d’économies d'au moins « 10 milliards d’euros » auquel « tous les ministères contribueront » mais doit s’astreindre à de nouvelles réductions de dépenses alors que la Cour des comptes estime qu’il faut prévoir « de l’ordre de 50 milliards d’économies entre 2025 et 2027 » pour espérer atteindre l'objectif de réduction du déficit public à 3% fixé pour la fin du mandat d’Emmanuel Macron à l’Elysée, rapporte l'APA.
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