La mission de surveillance de l'UE tente de transformer la frontière conditionnelle Azerbaïdjan-Arménie en une nouvelle ligne de contact - ANALYSE

La mission de surveillance de l
# 15 février 2024 14:08 (UTC +04:00)

Ces derniers mois, un calme temporaire régnait à la frontière conditionnelle entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie. Au niveau même le 1er février de l’année en cours, lors de la rencontre du secrétaire général de l'Union interparlementaire Martin Chungong, le président Ilham Aliyev a annoncé qu'il existait déjà une paix « de facto » entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie et que des conditions pacifiques régnaient à la frontière des deux pays depuis plusieurs mois.

Mais il semble que les centres de pouvoir qui gouvernent l’Arménie n'ont pas apprécié l’aspect positif créé pour le règne de conditions pacifiques, la perspective de signer un traité de paix et les travaux de délimitation et de démarcation pour déterminer les frontières des deux pays. La mission de surveillance de l'Union européenne figure parmi ces centres.

La mission, qui a annoncé avoir été lancée pour contribuer à la stabilité dans la région et à la confiance entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, n'a atteint aucun de ses objectifs au cours de la période écoulée. Au contraire, elle constitue un obstacle à l'instauration de la confiance, ainsi que joue un rôle catalyseur de provocations militaires à la frontière conventionnelle.

Le 12 février, la violation du cessez-le-feu dans la partie de la frontière conditionnelle entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie passant par le territoire de la région de Zenguilan est le résultat de ce rôle catalyseur.

Au cours de cette provocation, à la suite des tirs de tireurs d’élite ouverts par l'Arménie, un soldat des troupes frontalières de la République d’Azerbaïdjan a été blessé et le lendemain de l'incident, la partie azerbaïdjanaise a répondu à la provocation armée par l'opération « Vengeance » et a néutralisé 4 soldats arméniens.

L'Union européenne n'a pas condamné l'incident qui s’est déclenché, à savoir les tirs de tireurs d’élite, ce que l'Arménie n'a pas nié, mais a fait une déclaration partiale sur les mesures de riposte de l'Azerbaïdjan.

Dans ce contexte, l’objectif d’amener la mission de l’Union européenne dans la région devient clair.

La mission civile de l'Union européenne s’est déployée dans la région en octobre 2022 sous le nom de mission temporaire de 2 mois et a été remarqué pour ses activités contraires aux accords conclus avec l'Azerbaïdjan. Mais grâce à la politique de « porte ouverte » de l'Arménie, l'Union européenne, déployée dans la région, a profité de l'occasion pour étendre les activités de cette mission, pour augmenter arbitrairement son mandat et le nombre de membres de la mission à la frontière conditionnelle sans le consentement de l'Azerbaïdjan.

En décembre 2023, le Conseil des ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne (UE) a convenu d'y augmenter le nombre d'employés de 138 à 209 « afin de renforcer la mission civile » déployée à la frontière arméno-azerbaïdjanaise, qui constituait un élément de cette politique.

D'autre part, sous le nom de mission civile, l'Union européenne a commencé à envoyer dans la région d'anciens militaires de différents pays européens, des employés des services spéciaux.

Les objectifs à multiples facettes comprennent la transformation de la frontière conditionnelle entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie en une nouvelle ligne de contact, la création de positions fortifiées ici, ainsi que la fourniture d'informations de renseignement à l'armée arménienne.

Un autre engagement de la mission est la distribution des fonds alloués par l'Union européenne à l'Arménie au nom de l'assistance aux résidents arméniens du Karabagh à des fins militaires. À ce terme, l'Union européenne avait alloué 27,2 millions d'euros, et il y a quelques jours encore 5,5 millions d’euros de fonds. Il faut noter qu’il n’existe généralement aucun mécanisme de contrôle sur la manière dont les fonds sont dépensés.

L'objectif militaire de la mission civile s'est manifesté dans le fait que le général de brigade William De Meyer, le nouveau commandant de la gendarmerie, a visité la frontière azerbaïdjano-arménienne le 2 février et a observé les territoires azerbaïdjanais avec des jumelles. Cela indiquait que la France utilisait la mission civile à des fins militaires et de renseignement.

Puis, le 3 février, un citoyen tchèque qui voulait passer de l'Arménie à l'Azerbaïdjan a été arrêté. Même si les détails de l'incident n'ont pas été entièrement divulgués, il semble logique que le citoyen soit lié à la mission de surveillance de l'Union européenne.

Le fait que le ministère des Affaires étrangères de la République tchèque ait confirmé la nouvelle de la détention d'un citoyen, mais n'ait pas révélé son identité et n'ait pas fourni d'informations publiques sur l'incident, soulève de sérieuses questions. Bien que la mission d'observation de l'UE ait autorisé cet incident dans la zone où elle opère, le fait qu'elle n'ait pas rompu le silence montre quelle est la situation réelle.

Ainsi, des questions sans réponse se posent concernant l'activité de la mission de surveillance de l'Union européenne : que faisait le citoyen tchèque à la frontière entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie ? Pourquoi le ministère tchèque des Affaires étrangères et la mission de surveillance ne fournissent-ils pas d'informations claires sur l'incident ? Pourquoi le général de brigade William De Meyer, de la Gendarmerie nationale française, est-il venu à la frontière de l'Azerbaïdjan ? Pourquoi a-t-il observé l'Azerbaïdjan, les positions de notre armée avec des jumelles ? Que voulait-il voir et observer ? Dans quelle mesure ces actions sont-elles liées aux objectifs de la mission civile ? Pourquoi la composition de la mission civile est-elle dominée par d’anciens militaires, d’anciens services spéciaux et d’anciens officiers du renseignement ? Que font dans la mission les représentants du Canada, qui ne sont pas membres de l’UE, généralement situés sur un autre continent ? Quel est le but et l’intention de la mission d’observation, en général ? Malheureusement, même si les questions sont nombreuses, les députés d'en face n'ont pas de réponse.

Un autre sujet surprenant est la position laxiste des acteurs régionaux, la Russie et l’Iran, à l’égard de la mission. Il est vrai que le ministère russe des Affaires étrangères a condamné à plusieurs reprises le déploiement de la mission de l'UE dans la région et l'expansion des activités de la mission en Arménie sans consentement de l'Azerbaïdjan. La Russie a déclaré à plusieurs reprises que le but de la mission était de surveiller les activités d'espionnage des forces russes en Arménie. Cependant, Moscou n'a pas réussi à convaincre les dirigeants arméniens que la région est une « porte ouverte » pour tous les acteurs géopolitiques sur l'inefficacité de la mission de l'UE. L’Iran est encore plus surprenant. Téhéran, qui qualifie souvent l'intégrité territoriale des États voisins de « ligne rouge », n'a pas réagi à l'emplacement de la mission de l'UE aux frontières, fermant les yeux sur la violation de ses « lignes rouges ».

Ainsi, si l’on considère les activités passées de la mission de l’UE qui s’est rendue dans la région en octobre 2022, il est clair qu’elle a délibérément échoué à la mission de renforcement de la confiance entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie, qu’elle a créé une plate-forme contre l’Azerbaïdjan sur le territoire arménien, qu’elle a soutenu la militarisation de l'Arménie et engagé dans des activités militaires et d'espionnage qui constituaient une menace pour d'autres pays de la région. La mesure la plus juste que l'UE devrait prendre pour le règlement de l'Azerbaïdjan-Arménie est d'abandonner la "diplomatie binoculaire", de mettre fin aux activités de la mission et de quitter la région. Et si l’Arménie veut vraiment la paix, elle doit comprendre que la mission d’observation de l’UE n’y contribuera pas et décider de retirer la mission du pays.

Texte traduit par l'APA

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