L'année prochaine sera un exercice crucial pour l'armée française, qui se transformera en une force capable d'affronter la Russie, rapporte l'APA citant Politico.
En mai, les soldats français participeront à un exercice militaire de grande envergure en Roumanie, baptisé Dacian Spring 2025, qui évaluera leur capacité à se déplacer rapidement vers le flanc oriental de l'OTAN. Il s'agit d'une compétence clé si le président russe Vladimir Poutine décide d'attaquer un membre de l'alliance.
« Nous jouions à la guerre. Maintenant, il y a un ennemi désigné, et nous nous entraînons avec des gens avec lesquels nous irions réellement en guerre », a déclaré vendredi aux journalistes le chef du commandement terrestre de l'armée pour l'Europe, le général Bertrand Toujouse.
Les exercices comme Dacian Spring « sont un signal stratégique », a-t-il ajouté.
Au cours des dernières années, les forces terrestres françaises ont entamé une « profonde transformation » pour être prêtes à affronter un conflit de haute intensité similaire à la guerre en Ukraine. L'armée française a également reçu de nouvelles consignes de l'OTAN : d'ici 2027, elle devra être capable de déployer une division prête au combat en 30 jours, munitions et ravitaillement compris.
La réalisation de cet objectif est au cœur de l'exercice Dacian Spring de l'année prochaine, ont expliqué les officiers supérieurs. L'armée française s'entraînera à envoyer une brigade prête au combat en Roumanie en 10 jours - une étape intermédiaire qui, si elle réussit, réaffirmera la crédibilité de la France auprès des alliés de l'OTAN et ouvrira la voie à l'atteinte de l'objectif de 2027.
Une brigade compte entre 3 000 et 5 000 soldats, tandis qu'une division en compte entre 10 000 et 25 000.
Le principal défi sera d'arriver en Roumanie dans un délai aussi court. « Il n'y a toujours pas de Schengen militaire, et nous devons améliorer de manière décisive la mobilité militaire en Europe », a déclaré le général Pierre-Eric Guillot, adjoint de Toujouse, faisant écho aux inquiétudes précédemment exprimées par son patron.
Le premier déploiement de troupes en Roumanie en 2022 a été entravé par des formalités administratives, des procédures aux frontières et des trains inadaptés au matériel militaire. Les pays ont travaillé pour aplanir ces difficultés.
« Nous sommes peut-être encore gênés par quelques mesures douanières, mais nous avons fait beaucoup de progrès dans la diversification de nos itinéraires », a déclaré Guillot aux journalistes. L'armée ne comptait autrefois que sur les trains, mais elle déplace désormais également des troupes et du matériel avec des camions et des bateaux, combinant parfois même différents moyens de transport.
Toujouse a ajouté qu'il était convaincu que les soldats français passeraient le test de l'année prochaine.
Pour atteindre l'objectif de 2027, cependant, les dépenses de défense devront continuer à respecter la loi de programmation militaire non contraignante de sept ans de la France, a averti le général Pierre Schill, le chef de l'armée française.
Le budget de la défense est sous pression alors que le nouveau gouvernement français tente de maîtriser le déficit du pays.
« Je m'attends à ce que les ressources prévues soient pleinement là », a déclaré Schill. « S'il y a des changements majeurs, à un moment donné, nous pourrions retarder [l'objectif de 2027], en disant qu'il n'y a pas assez de stocks pour les emmener au combat. »
« Mais c'est de la fiction. Ce n'est qu'une hypothèse », a-t-il ajouté. Du moins pour l'instant.