Le 20 mars marque la Journée internationale de la Francophonie

Le 20 mars marque la Journée internationale de la Francophonie
# 20 mars 2024 23:04 (UTC +04:00)

Le terme « francophonie » est sur toutes les lèvres en ce 20 mars. Il n’est pourtant créé qu’à la fin du XIXe siècle. On le doit au géographe Onésime Reclus, qui en 1886 emploie les mots «francophone» et «francophonie» dans son ouvrage «France, Algérie et colonies». Il définit alors les francophones comme «tous ceux qui sont ou semblent être destinés à rester ou à devenir participants de notre langue».

Étymologiquement, est «francophone» celui qui parle français. La définition qu'en donnent les dictionnaires est du reste assez lapidaire : pour Le Robert, il s'agit de ceux qui «parlent habituellement le français». La francophonie, quant à elle, désigne «la communauté des peuples francophones». On estime qu’ils sont aujourd’hui 320 millions d'humains sur la planète, répartis sur les cinq continents. Mais s'agit-il de la langue véhiculaire, maternelle, d'enseignement? Primaire ou bien secondaire? Le concept de «communauté» introduit une complexité supplémentaire.

«On n’habite pas un pays, on habite une langue. La patrie c’est cela et rien d’autre», disait Cioran selon la formule bien connue. Mais rien ne semble plus proche aujourd’hui qu’un Britannique et un Français ayant accès au même contenu culturel sur Internet, regardant les mêmes séries et écoutant la même musique, tandis qu’entre un Québécois et un Congolais... Cette idée de collectif vole donc en éclat dès lors qu’on veut l’approfondir.

La francophonie est en effet un mot ambivalent. L’ancien secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie et ancien président du Sénégal, Abdou Diouf, déclarait ainsi : « La francophonie, ce n’est pas seulement une langue, mais aussi des valeurs, des concepts à partager, une tradition juridique ou médicale, par exemple, tout ce qui fait la force de la civilisation francophone.» Et d'ajouter : « Le combat pour la langue va bien au-delà de la langue. Il n'y a dans la francophonie aucune volonté hégémonique. Elle repose seulement sur une communauté d'idées.»

Un concept politique

Ainsi, la notion de francophonie «réunit des situations linguistiques très différentes» a pu écrire Alain Rey dans son « Dictionnaire historique de la langue française ». Par conséquent, «elle ne peut avoir qu’une nature politique». Le linguiste l’expliquait ainsi : «Ses effets culturels et intellectuels ne sont pas négligeables, mais l'unité de pensée que l'on évoque à ce propos identifie abusivement la communauté d'un système d'expression, de communication, et un rapprochement de sensibilités et d'attitudes mentales, toujours réducteur et souvent démenti par les faits (par exemple au Maghreb, à Madagascar ou même, tout autrement, au Québec.»

Le deuxième sens du mot «francophonie» est de nature politique et désigne une institution, une organisation entre aires géographiques francophones dont les leaders se rencontrent régulièrement. Ce projet commun est le fruit d’une évolution lente. Lorsque le terme de «francophonie» est repris plus largement dans les années 1960, de nombreuses institutions existent déjà. Ce sont d’abord des écrivains, qui en 1936 créent l’Association des écrivains de langue française (ADELF). Puis les journalistes se réunissent en une union du même genre, appelée aujourd’hui «Union de la Presse francophone». Dès 1955, c’est enfin au tour de la radio de contribuer au rayonnement de la langue française par les ondes. Une communauté de radios publiques est lancée avec Radio France, la Radio suisse normande, Radio Canada, la Radio belge francophone.

Il faut attendre 1960 pour qu’apparaisse la première institution gouvernementale. Elle regroupe les ministres de l’éducation de quinze pays francophones, et se réunit pour tracer les orientations en matière d’éducation. Une année plus tard, c’est au tour des universitaires. Et, le 20 mars 1970, ce sont 41 États qui se réunissent au sein de l’Agence de coopération culturelle et technique (ACTT), qui voit le jour à Niamey, au Niger. D’où le choix de cette date du 20 mars pour mettre la francophonie à l’honneur. Cette agence est la première pierre vers l’Organisation internationale de la Francophonie qui regroupe aujourd’hui 88 États ou gouvernements, rapporte l'APA.

Figaro

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